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Le seul accès possible à l’étage se fait par une échelle provisoire extérieure.
- Couloir d’entrée
C’est aussi dans le couloir d’entrée que se trouvent les premiers graffiti : marques de comptage, animaux divers.
Mais les parois se détériorent. Les murs présentent par endroits un blanchiment à la chaux qui disparait, laissant apparaître la superficie de la pierre qui se décolle aussi lorsque l’intérieur pourrit…
Marques de comptage.
Animaux divers : si le quadrupède du bas semble bien court sur pattes, celui du haut semble avoir une curieuse tête d’oiseau.
Petit quadrupède (chien ?)
Un nom semble être gravé sur le corps de l’animal (PAULE ?).
- La salle
Il existe dans la salle beaucoup plus de graffiti qu’au rez-de-chaussée du fait d’une plus grande clarté générale. Cependant, les gravures sont généralement mal conservées et semblent se détériorer plus encore par la présence importante de salpêtre et d’humidité.
La magnifique clé de voûte aux lys de France souffre des infiltrations d’eau de pluie depuis la terrasse supérieure et cette humidité conjuguée avec la clarté du jour a développé des mousses qui donnent au tuffeau une couleur verte.
La salle est hexagonale est dotée, comme au rez-de-chaussée, de latrines dont le conduit d’évacuation vers la citerne souterraine est parallèle au conduit des latrines de l’étage inférieur. Mais elle possède surtout une cheminée très simple et peu profonde, mais assez importante pour la pièce, ce qui ne peut qu’améliorer le chauffage en période froide.
Les murs sont attaqués par l’humidité, les mousses et le salpêtre provoquant une destruction progressive des graffiti.
De nombreuses représentations d’animaux sont visibles dans les différentes parties claires de la pièce : des oiseaux, mais aussi et surtout des chevaux avec ou sans cavaliers.
Oiseau (poule ?)
Sur la pierre de gauche, deux oiseaux et quelques points, sur la pierre de droite un cheval et son cavalier.
Vraisemblablement gravé par une personne sachant monter, ce cavalier a une excellente assise, les jambes du cheval sont parfaitement étudiées, le panache de la queue très large fait de l’ensemble une oeuvre équilibrée et d’une grande élégance.
Des traces de blanchiment à la chaux sont encore visibles dans la gravure. Ce détail est une preuve complémentaire de l’ancienneté de ce graffito que l’on pourrait peut-être dater, compte-tenu de son style, du XVIIe ou XVIIIe siècle (?) dans le goût des carrousels de l’époque.
A titre de comparaison, le chevalier de l’escalier des coupoles de l’abbatiale de Fontevraud est très différent : de facture beaucoup plus ancienne, son dessin est assez malhabile même si les nombreux détails offrent beaucoup d’intérêt (heaume, cotte de mailles stylisée par des traits croisés, écu, lance avec son gonfanon).
La monture elle-même a assez fière allure malgré ses jambes fines et ses gros sabots.
Compte-tenu du layage de la pierre et du style, je situerais cette oeuvre entre le XIIe et le XIIIe siècle.
Autre cavalier sur sa monture. Joli mouvement des jambes du cheval.
Sur la gauche, cartouche à motif ornemental avec volutes.
Au centre, cavalier sur sa monture. Juste devant le cheval, deux fleurs de lys, et derrière le cavalier un coeur.
Cheval inachevé. La forme générale est joliment exécutée, même si le cou parait plus long que nature.
Grand cheval gravé sur plusieurs pierres. Au-dessus, petit cheval.
Un escalier dans une tourelle en encorbellement permettait d’accéder à la terrasse supérieure. Mais il est complètement ruiné et il ne lui reste aucune marche.
Quelques graffiti sont visibles autour de l’entrée vers la cage d’escalier : traits de comptage, animaux, croix, cercles et rosaces.
- Cage d'escalier
L’accès aux parties hautes de la cage de l’escalier est pratiquement impossible actuellement puisque les marches n’existent plus. Impossible donc de faire des photographies ou relevés de graffiti dont on peut cependant apercevoir la présence en partie haute.
Voici deux photographies de graffiti qui y ont vraisemblablement été prises il y a quelques années et qui sont les signatures de « visiteurs » occasionnels (ouvriers, autres ?)
Ferry 1920
Graffito en creux dans le tuffeau
Nom de famille relativement peu courant sur Saumur
G Daviaux né le
28 novembre
198
Saumur
23-6 1934
Graffito au crayon sur un enduit de chaux
Rien trouvé dans les tables décennales de l’État-civil de Saumur pour le moment.
Premières conclusions
La double question déjà évoquée dans l’introduction est celle des auteurs des graffiti et leur datation.
L’endroit a servi de prison depuis le milieu du XVIIe siècle jusqu’en 1836 et fut longtemps réservé aux femmes. Certains graffiti sont-ils antérieurs à l’utilisation carcérale des lieux ? Les graffiti purement religieux dans ce lieu de défense de la ville peuvent-ils être les oeuvres de religieux ou de religieuses ? Les autres, en particulier les représentations de chevaux et cavaliers vraisemblablement tracées par des mains masculines, ont-ils eu pour auteur des gardes affectés aux fortifications ou des hommes incarcérés ? Certaines de ces oeuvres ont assurément demandé un temps de réalisation conséquent qui pourrait être incohérent par rapport à des personnes non oisives…
Si notre intuition peut nous donner déjà quelques idées, les réponses à ces questions nous seront peut-être révélées par des spécialistes.
En attendant il semble urgent de protéger ce patrimoine qui est une partie de la mémoire des lieux. Et pour cela le moyen le plus évident est avant toute chose de sauver l’édifice.